miércoles, 30 de septiembre de 2015

CÉLESTIN NIYONIZIGIYE: La poésie actuelle Burundi


Célestin Niyonizigiye est né au Burundi en 1970 dans une famille élargie chrétienne. Après des études secondaires en pédagogie, il a suivi un premier cycle à l’université en sciences de l’éducation. À cause de l’insécurité qui régnait dans son pays, il a été contraint de s’exiler au Kenya où il a dispensé des cours de français pendant quatorze ans. Depuis 2009, il réside au Canada. En 2012, il a participé à l’écriture d’un ouvrage collectif intitulé Reflets de nos âmes unies paru chez Edilivre.

Sélection de Au coeur de l’Afrique, quand la colombe chasse les vautours. Edilivre, France 2012

Calme et charme sans arme
C’était un matin d’été chargé de brouillards;
Temps passé à délirer tel un vrai soûlard.
Un matin sans précédent où le rêve d’être
Héros bouillonnait, bouleversant tout mon être;
Jour où le lauréat de l’école de vengeance
Devait aller sur le terrain sans réticence;
Jour décisif où quelqu’un devait être cuit;
Jour où un faux chemin allait être détruit.
Rugissant, m’écriant, je faisais des va-et-vient;
Tantôt des pompages, tantôt des coups de poings;
Tantôt défiant les lions comme tout imprudent;
Tantôt tirant dans l’air tout en grinçant des dents.
Les préparatifs achevés, je pris mon sabre*
Et ma fronde pour me ruer ensuite au macabre.
Soudain, une idée de faire adieux aux parents
Survint à l’esprit agité mais transparent:
« Oh ! Qu’est-ce qui te prend notre cher dérivé ? »
Me demandèrent-ils d’un ton si énervé.
« Je dois venger vos frères et soeurs ! Ce jeudi,
Et je me sens si hardi pour l’acte. » ai-je dit.
D’une voix de tendresse mêlée à la peur;
Ma mère cria, puis souligna de tout son coeur:
« Quelque vaillant, puissant ou brave que tu sois
Tu ne pourras point les ressusciter. Reçois
Et grave ces mots dans ton esprit, fais-en loi
Qui guide ta morale, qu’ils soient de ta foi.
Je sentis la main de mon père posée sur
Mon épaule et ouïs*sa voix vibrante et pure:
« Mon cher fils, la vengeance appartient à Dieu,
Ne salis pas ta main par ces combats odieux. »
Choqué, j’ai laissé tomber le sabre et la fronde*
Par terre, me plongeant dans une nuit profonde
Où la conscience me montrait ma cruauté
Et la non-violence prouvait sa primauté.
A travers mes larmes, je regardais mon père
Faire le feu. Loin, je vis revenir ma mère
Qui était partie appeler tous les voisins
Afin de mettre fin à ce jeu enfantin.
Dans un silence de mort, autour du foyer*,
On suivait mot à mot le discours émaillé*
Des mots d’amour et de pardon que notre sage
Prononçait et transmettait en divin message.
A terme, le public gai embrasa mes armes

Et depuis, j’ai retrouvé mon calme et mon charme.



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